jeudi 31 juillet 2008
mercredi 30 juillet 2008
mardi 29 juillet 2008
Photo du jour
lundi 28 juillet 2008
Richard Avedon - Photographies 1946 - 2004
Conçue selon un parcours chronologique, l’exposition présente en premier lieu les clichés qu’Avedon réalise à ses débuts en tant que photographe de mode pour Vogue et surtout pour Harper’s Bazaar. Au sein de cette rédaction, il collabore avec le directeur artistique et graphiste Alexey Brodovitch qui a déjà insufflé au magazine un air nouveau par l’audace de ses mises en page et ses choix d’illustrations. Lui-même photographe à ses heures, Brodovitch permet à Avedon de publier dans les pages du Harper’s Bazaar ses clichés qui viennent renouveler les standards de la photo de mode, dominée depuis les années 30 par la figure d’Edward Steichen, dont les compositions et les effets de lumières très étudiés confinent au classicime. A l’inverse, Avedon donne la priorité au naturel et au mouvement et photographie ses modèles à la manière d’un reporter, s’inspirant de Martin Munkacsi (qui a lui aussi travaillé pour Harper’s Bazaar, et dont Henri Cartier-Bresson revendique l’influence également).
1. Hommage à Munkacsi, Carmen, manteau Cardin, Place François Ier, Paris, août 1957.
Si la photo de mode réapparait régulièrement dans la production d’Avedon, le photographe, qui ouvre son propre studio dès 1946, se consacre principalement au portrait, genre qui lui assure son immense renommée. Chez lui défile tout ce que New York compte d’acteurs, d’intellectuels, de cinéastes, d’écrivains... Le style Avedon, si caractéristique, se met en place par un processus d’épuration, une série de renoncements. Un fond blanc qui neutralise tout environnement et toute possibilité de narration, une absence totale d’accessoires, un premier plan d’une netteté absolue associé à une profondeur de champ très faible qui annule tout arrière-plan, et le fameux bord noir. Henri Cartier-Bresson a lui aussi fait de cette pratique sa marque de fabrique, qui consiste à cadrer le tirage en laissant apparaître la bordure noire du négatif. Chez lui, il constitue une preuve, il est l’attestation que le tirage n’a pas été recadré, qu’il correspond dans sa totalité à ce que le photographe a enregistré sur son négatif. Chez Avedon, il forme aussi, en même temps qu’il affirme le statut de la photographie en tant que produit issu d’une technique, un cadre à la manière d’un tableau, donnant à l’oeuvre une certaine ambivalence. Quel statut et quelle fonction donner à ces images ? Est-on face à un témoignage, à un indice, à un enregistrement de l’identité d’une personne à un moment donné, comme le suggèrent les dates de prise de vue consignées avec précision par Avedon ?
2. Katharine Hepburn, actrice, New York, 2 mars 1955.
3. Jean Renoir, réalisateur, Beverly Hills, Californie, 11 mai 1972.
Ce questionnement sous-jacent à l’oeuvre d’Avedon éclate avec plus d’évidence encore face aux oeuvres qu’il compose en diptyque ou en triptyque, tel le portrait d’Igor Stravinsky qui évoque immanquablement la logique du Photomaton. Une unique photographie peut-elle rendre compte d’un individu ? Qu’est-ce qui, au fond, constitue son identité propre ? Avedon répond à ces questions en ces termes : «l’inexactitude n’existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d’elle n’est la vérité.»
4. Igor Stravinsky, compositeur, New York, 2 novembre 1969.
Les citations d’Avedon, qui s’est beaucoup exprimé sur son travail, jalonnent l’exposition et permettent de mieux appréhender les intentions du photographe. Comment comprendre ce qui le pousse, durant sept années, à photographier son père rongé par la maladie, comme si l’acte photographique était une façon de partager sa souffrance et de l’accompagner jusqu’au dernier instant ? Je pense précisément que cette notion de partage et d’échange forme le coeur de la démarche d’Avedon, la photographie conservant une trace de la rencontre entre le photographe et son modèle, sans toutefois en constituer la finalité. Et une fois encore, il n’est pas question d’une quelconque véracité : «Ce n’est pas mon père sur le mur. C’est une photographie de mon père. On a tendance à penser qu’une photographie est un enregistrement de quelque chose vu de manière objective. C’est impossible, même si parfois il est intéressant de tenter d’y parvenir. Si tel était mon but, je ne serais pas photographe.» Cette série de portraits de Jacob Israel Avedon possède une puissance pathétique que leur petit format ne parvient pas à contenir et conduit le spectateur vers un autre versant du talent l’Avedon.
5. Jacob Israel Avedon, père du photographe, Sarasota, Floride, 15 mai 1971.
6. Jacob Israel Avedon, père du photographe, Sarasota, Floride, 19 décembre 1972.
7. Jacob Israel Avedon, père du photographe, Sarasota, Floride, 25 août 1973.
Le travail du photographe prend, à mon sens, sa pleine dimension lorqu’il se frotte au reportage, qu’il traite bien sûr au travers du portrait. En 1963, il photographie les protagonistes du Civil Rights Movement luttant contre la ségrégation raciale et tous les types de discrimination, tels Malcolm X et le révérend Martin Luther King. La scénographie joue des contrastes et présente le célèbre portrait de William Casby, symbole des revendications de la classe noire américaine, en regard du portrait du président Eisenhower.
8. William Casby, né esclave, Algiers, Louisiane, 24 mars 1963.
9. Dwight David Eisenhower, Président des Etats-Unis, Palm Springs, Californie, 31 janvier 1964.
Le véritable choc pour moi a été la découverte de la série In the American West, qu’il consacre à l’exploration des milieux modestes entre 1979 et 1984. Le lien avec la campagne photographique lancée par la FSA durant la Grande Dépression des années 30 est d'autant plus évident qu'ici aussi il s'agit d'un travail de commande. Mais là où Dorothea Lange traite du dénuement et du désespoir, Avedon refuse l'apitoiement. Les personnages qu'il rencontre, même sdf, sont photographiés de la même manière que les personnalités qui défilent habituellement dans son studio de New York. Ils nous apparaissent dans l'expression de leur individualité et non dans celle de leur condition. Des êtres humains, voilà leur condition, et c'est tout ce qui importe pour Avedon, lui qui a consacré son oeuvre à cette quête d'humanité.
10. Bill Curry, sdf, Interstate 40, Yukon, Oklahoma, 16 juin 1980.
11. Billy Mudd, chauffeur routier, Alto, Texas, 7 mai 1981.
12. Bubba Morrison, ouvrier pétrolier, Albany, Texas, 10 juin 1979.
13. Clarence Lippard, sdf, Intestate 80, Sparks, Nevada, 29 août 1983.
Richard Avedon - Photographies 1946 - 2004
du 1er juillet au 27 septembre 2008,
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, VIIIème arr.
© Richard Avedon Foundation
mercredi 23 juillet 2008
Photo du jour
Richard Avedon, Groucho Marx, acteur, Beverly Hills, Californie, 9 avril 1972.
© Richard Avedon Foundation
mardi 22 juillet 2008
lundi 21 juillet 2008
dimanche 20 juillet 2008
samedi 19 juillet 2008
vendredi 18 juillet 2008
Photo du jour
Richard Avedon, John Ford, réalisateur, Bel Air, Californie, 11 avril 1972.
Image © Richard Avedon Foundation.
mardi 15 juillet 2008
Focus sur une technique : la gomme bichromatée
La semaine dernière la photo du jour était donc consacrée à une technique bien particulière : la gomme bichromatée. Je vous en avais déjà parlé à l’occasion d’un article sur Pierre Dubreuil et le courant pictorialiste, et j’ai souhaité revenir plus en détail sur l'un des procédés les plus employés par les photographes de ce mouvement.
Quelques explications techniques pour commencer, mais rien de trop compliqué, promis ! Tout d’abord, la gomme bichromatée est un procédé de tirage, c’est-à-dire une technique permettant, à partir d’un négatif photographique, d’obtenir une épreuve positive. L’élément de base est un sel de chrome (le bichromate de potassium) qui a pour particularité d’être sensible à la lumière. Mélangé à de la gomme arabique, une réaction s’opère : plus l’émulsion est insolée, plus elle devient insoluble. On ajoute à cette préparation des pigments et on l’étend sur du papier. Une fois le papier sec, le tirage peut être exécuté : la lumière vient frapper le papier au travers du négatif, rendant plus ou moins soluble la gomme. L’épreuve est ensuite dépouillée dans un bain d’eau chaude. Là où l’intensité lumineuse était faible, la gomme a peu durci, elle se dissout donc dans l’eau et perd de sa pigmentation. A l’inverse, les zones de forte intensité lumineuse sont devenues insolubles et conservent leur forte concentration pigmentaire. Cela semble contradictoire ? N’oubliez pas que l’on opère à partir du négatif, dont les valeurs sont inversées, le tirage rétablit cette inversion !
Le procédé est donc simple dans sa mise en oeuvre, mais il permet une grande part d’intervention. Les pictorialistes le qualifient d’ailleurs de «procédé d’interprétation». Que ce soit au moment de la préparation du papier dans la manière d’étaler l’émulsion (à la brosse, au pinceau, etc.), dans la sélection des pigments, ou lors du dépouillement de l’épreuve, par le choix des zones qui seront plus ou moins dépouillées, et par l’emploi également de pinceaux, les photographes explorent toutes les possibilités offertes par la gomme bichromatée. Chaque épreuve ainsi obtenue est unique, ce qui vient appuyer la revendication des pictorialistes à faire reconnaître la photographie comme un des beaux-arts. Une intervention très poussée sur l’épreuve tend également à faire disparaître certaines des caractéristiques historiques de la photographie (netteté, précision dans le rendu des détails) si bien que certains visiteurs des Salons pictorialistes s’interrogent sur la nature de ces images, doutant qu’il s’agisse réellement de photographies. Ces épreuves sont en effet souvent comparées à des gravures à la manière noire ou à l’aquatinte, ou encore à des fusains.
Robert Demachy est l’un des premiers à employer la gomme bichromatée et à s’en faire une spécialité. Certains pictorialistes français, Demachy et Puyo en tête, se constituent en un clan, les «gommistes», pour qui le procédé devient l’enjeu d’une bataille d’influence avec les anglo-saxons. Si les membres du Photo-Club de Paris sont convaincus que la gomme est le meilleur moyen de parvenir à faire oeuvre en photographie, leurs homologues du Camera Club de Londres demeurent réticents. Demachy multiplie donc conférences, articles de presse, traités et expositions afin de les ralier à sa cause. Ses efforts sont payants mais une autre révolution photographique est déjà en germe outre-atlantique. Elle se nomme Photo-Secession et projette de bouleverser les certitudes européennes en matière d’art photographique.
On en reparle prochainement !
dimanche 13 juillet 2008
Photo du jour
vendredi 11 juillet 2008
jeudi 10 juillet 2008
Photo du jour
mardi 8 juillet 2008
Photo du jour
lundi 7 juillet 2008
Photo du jour
Edward Steichen, Nocturne - l'escalier de l'Orangerie, Versailles, 1913, épreuve photomécanique à partir d'une épreuve à la gomme bichromatée.
La photo du jour est consacrée cette semaine à une technique : la gomme bichromatée. Je vous en dis plus dans quelques jours.
dimanche 6 juillet 2008
Photos du jour
samedi 5 juillet 2008
Focus sur un artiste : Pierre Dubreuil
Cette semaine donc, je consacre la photo du jour au travail de Pierre Dubreuil, un photographe que j’ai récemment redécouvert au fil de mes recherches. J’écris actuellement mon mémoire de M2 qui porte sur les expositions de photographie à Paris dans les années 1890-1910, et le nom de Dubreuil m’est souvent apparu au fil des pages de catalogues d’expo, de revues de photo etc. J’ai tout de suite accroché sur ses clichés des années 1900, et ma curiosité m’a poussée plus loin. Les épreuves sur lesquelles je suis tombée m’ont encore plus impressionné par leur singulière modernité.
Dubreuil commence à pratiquer la photographie dans les années 1890. Avec l’apparition du procédé au gélatino-bromure d’argent et la commercialisation d’appareils portatifs, simples d’usage et peu couteux, c’est une période de grand développement de la photo. La firme Kodak lance son célèbre Brownie et son slogan choc : «vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste». La photographie devient un médium populaire, accessible à tous, comme en témoigne la presse de l’époque : «Pour six francs on a maintenant des appareils très suffisamment perfectionnés, qui n’exigent aucun apprentissage. [...] Il n’est pas de tout petit bourgeois, d’ouvrier aisé, de valet de chambre soigneux, qui n’emporte le dimanche un appareil : pas d’enfant à qui l’on en mette un dans les mains, aussitôt qu’on lui a enlevé son biberon.*»
La photographie, jusqu’alors pratiquée majoritairement par des professionnels, est désormais également l’affaire d’une nouvelle classe d’amateurs qui se structure en clubs. On y montre ses clichés, on y organise des projections (l’ancêtre de la soirée diapo...!), on organise des excursions photographiques etc. Le premier et le plus important de ces clubs français est sans doute le Photo-Club de Paris, créé en 1888. A l’image de leur président Maurice Bucquet, grand bourgeois et chasseur invétéré, les membres du Photo-Club sont pour la plupart des amateurs fortunés pouvant consacrer à la photographie beaucoup de leur temps.
Dans ce contexte de raz-de-marée de la photographie «facile», le Photo-Club prône une photo à caractère artistique, à la composition et aux effets de lumière recherchés, à la technique plus artisanale. Le Photo-Club se dote de labos de développement et de tirage rendant possible la mise en oeuvre de procédés tels la gomme bichromatée ou les encres grasses Rawlins, qui permettent l’obtention de résultats très proches du dessin ou de la gravure. Le mouvement prend rapidement de l’ampleur et de nombreux clubs se développent simultanément dans les grandes capitales européennes et aux Etats-Unis. Certaines sociétés ont même un caractère international comme le célèbre Linked Ring Brotherhood qui donne au courant le nom de photographie pictoriale, à partir duquel les historiens de la photographie ont forgé le terme de pictorialisme.
Voilà pour le contexte, pardon pour cette introduction un peu longue mais nécessaire pour aborder l’oeuvre de Dubreuil. Pierre Dubreuil est lui aussi l’une des grandes figures du pictorialisme français, mais bien que jouissant d’une grande renommée dans les cercles photographique de son temps, sa postérité est loin d’être comparable à celle d’un Constant Puyo ou d’un Robert Demachy. Vous l’avez compris, je trouve ça très injuste ! D’autant que l’oeuvre de Dubreuil reflète à merveille les différentes évolutions de la photographie de ces années.
2. Frederick Holland Day, The Seven Last Words of Christ, 1898.
Du naturalisme de ses débuts il passe à un symbolisme très personnel. Si sa très expressive Mise au tombeau évoque immanquablement les Seven Last Words of Christ de Frederick Holland Day, le Bénédicité applique quant à lui une composition très audacieuse, inspirée de l’estampe japonaise, à l’interprétation d’un sujet tout occidental. Dubreuil se convertit aux procédés pictorialistes, comme en atteste la Grande Roue des Tuileries, symbole de la modernité transfigurée pourtant en une sombre silhouette romantique. Le parcours de Dubreuil ne s’arrête pas là cependant, alors que le mouvement pictorialiste français sclérosé s’éteint doucement dans les années 1910. Sa photographie connait une nouvelle évolution, comme en témoigne le Coin d’avenue de 1911 qui doit encore beaucoup au pictorialisme quant à sa technique, mais dont le sujet - une ombre - et le cadrage montrent que Dubreuil est au seuil de l’avant-garde.
A suivre demain, avec les 3 dernières photos de la série (je rattrape mon retard du début de semaine !)
* Miguel Zamacoïs, "L’Age de la photographie", in Le Gaulois, retranscrit dans le Bulletin du Photo-Club de Paris, n°142, novembre 1902, p.379.
vendredi 4 juillet 2008
jeudi 3 juillet 2008
mercredi 2 juillet 2008
Photo du jour
Pierre Dubreuil, Mise au tombeau du Christ, 1900, tirages à la gomme.
Cette semaine (un peu écourtée), la photo du jour sera consacrée à Pierre Dubreuil. Je vous reparle de ce photographe et des nombreuses facettes de son travail dans les jours à venir.