samedi 28 février 2009

Photo du jour


Guy Tillim, Grand Hotel, Beira, Mozambique, 2008. Série Avenue Patrice Lumumba.

© Guy Tillim

vendredi 27 février 2009

Photo du jour



Guy Tillim, Grand Hotel, Beira, Mozambique, 2007. Série Avenue Patrice Lumumba.

© Guy Tillim

jeudi 26 février 2009

Photo du jour



Guy Tillim, Tour d'habitation avenue Bagamoyo, Beira, Mozambique, 2007. Série Avenue Patrice Lumumba.

© Guy Tillim

mercredi 25 février 2009

Photo du jour



Guy Tillim, Incendie menaçant le Miller Weedon building sur Twist Street, Johannesburg, Afrique du Sud, 2004. Série Jo'Burg.

© Guy Tillim

mardi 24 février 2009

Photo du jour



Guy Tillim, Yonela Kwaza, Grafton Road, Yeoville, Johannesburg, Afrique du Sud, 2004. Série Jo'Burg.

© Guy Tillim

lundi 23 février 2009

Photo du jour



Guy Tillim, Expulsion des locataires par les "Red Ants", Auret Street, Jeppestown, Johannesburg, Afrique du Sud, 2004. Série Jo'Burg.

© Guy Tillim

dimanche 22 février 2009

Sophie Ristelhueber

1. Sophie Ristelhueber, Every One #8, 1994, épreuve argentique n&b montée sur plaque de fibre de bois.


2. Sophie Ristelhueber, Every One #14, 1994, épreuve argentique n&b montée sur plaque de fibre de bois.


Parallèlement à l'expo Robert Frank dont je vous ai déjà parlé, les galeries du Jeu de Paume consacrent une toute première rétrospective à la photographe française Sophie Ristelhueber, dont les oeuvres depuis les années 1980 explorent par diverses pistes les notions de mémoire et de trace dans un registre qui n'a de documentaire que l'apparence.


3. Sophie Ristelhueber, Fait #46, 1992, épreuve chromogène.


4. Sophie Ristelhueber, Fait #20, 1992, épreuve chromogène.


5. Sophie Ristelhueber, Fait, 1992, épreuve chromogène.


6. Sophie Ristelhueber, Fait, 1992, épreuve chromogène.


C'est une sorte de préambule à la note d'aujourd'hui que j'ai voulu constituer la semaine dernière en proposant quelques photos de guerre. Pas n'importe quelles photos cependant, puisqu'elles avaient pour trait commun de ne pas présenter la guerre dans sa composante humaine, mais au travers de l'empreinte qu'elle laisse derrière elle dans le paysage. Constructions éphémères d'un côté quand la défense organise tranchées et barricades ; destructions durables de l'autre quand l'assaut fait éclater sols et édifices.

“Sans doute, comme artiste, suis-je moi aussi en guerre.”

C'est cette imagerie que convoque Sophie Ristelhueber, cette photographie d'avant l'instantané que la technique confinait aux sujets quasi immobiles. Impossible d'enregistrer sur la plaque sensible le feu du combat avant les années 1880. Les photographes, tels Fenton ou O'Sullivan par exemple, documentent donc le déroulement des événements dans de saisissants “avant-après” permettant de mesurer l'ampleur des destructions, tant matérielles qu'humaines.


7. Sophie Ristelhueber, WB #7, 2005, tirage argentique sur aluminium.


8. Sophie Ristelhueber, WB #98, 2005, photo couleur marouflée sur aluminium.


9. Sophie Ristelhueber, WB #48, 2005, photo couleur marouflée sur aluminium.


L'emprise de l'homme sur la terre, les traces qu'il y laisse sont autant de cicatrices que Sophie Ristelhueber enregistre minutieusement, sans affect apparent, sans drame. On pourrait penser qu'il n'y a là qu'un usage du médium pour sa valeur indicielle, un simple relevé topographique de blessures de guerre, un constat, comme une page de plus dans un rapport d'autopsie. Beyrouth post-apocalyptique en 1984 (série Beyrouth - Photographies), l'Irak lors de la première guerre du golfe en 1992 (série Faits), la Cisjordanie en 2003-2004 (série WB), l'Irak à nouveau en 2001... pas de drame non, dans les clichés de Sophie Ristelhueber, mais une sourde inquiétude qui ne laisse pas l'esprit au repos.


10. Sophie Ristelhueber, Beyrouth, 1984, tirage argentique n&b.


11. Sophie Ristelhueber, Beyrouth, 1984, tirage argentique n&b.


Et mieux vaut être vigilant en effet, surtout lorsque l'on aborde une des séries les plus récentes de l'artiste, Eleven Blowups, exposée aux Rencontres d'Arles 2006. Une toute autre dimension est atteinte lorsque l'on découvre que ces cratères, déchirant la terre et l'aspirant, sont certes réels mais issus d'archives, et que ce que nous contemplons est une série de photomontages. Les fragiles frontières entre vrai et faux éclatent et ces images d'un réalisme si parfait qu'il avait d'emblée emporté notre adhésion, viennent faire vaciller nos croyances.


12. Sophie Ristelhueber, Eleven Blowups, #10, 2006, sérigraphie sur verre.


13. Sophie Ristelhueber, Eleven Blowups, #7, 2006, sérigraphie sur verre.


14. Sophie Ristelhueber, Eleven Blowups, #1, 2006, sérigraphie sur verre.


Une même mutation du sens s'opère dans le film Fatigue - réalisé spécialement pour l'exposition – cette fois non pas au sein de l'image mais dans sa mise en scène. La caméra parcourant en plan rapproché la surface des photographies (une procédure que l'on retrouve chez Sarah Moon) ne permet aucune mise en perspective de ce que l'on contemple. Sans recul, le regard glisse sur la surface des images, suivant le mouvement de la caméra qui peu à peu, en s'éloignant, recadre, remet en place le sens de ce qui se trouve sous nos yeux.

C'est encore à Sarah Moon que je pense devant la série Vulaines composée de diptyques rapprochant photos d'un lieu et photos d'enfance. Un jeu sur le sens encore, la mémoire aussi, ici mis en scène par une simple juxtaposition de deux photographies. Comme chez Robert Frank, la narration naît de l'entre-deux, de cet espace menant d'une image à l'autre où s'épanouit la rêverie et où le souvenir s'invente et se réinvente à l'infini.


15. Sophie Ristelhueber, Vulaines IV, 1989, diptyque, tirages argentiques montés sur aluminium avec cadre recouvert de papier peint.





Sophie Ristelhueber
Exposition du 20 janvier au 22 mars

Jeu de Paume
1 place de la Concorde, Paris 8e

Mardi (nocturne) : 12h à 21h
Mercredi à vendredi : 12h à 19h
Samedi et dimanche : 10h à 19h
Fermeture le lundi

Tarif plein : 6 euros
Tarif réduit : 4 euros

dimanche 15 février 2009

samedi 14 février 2009

Vers de nouveaux rivages - l'avant-garde russe dans la collection Costakis

1. Boris Ender, Mouvement de forme organique, 1919, huile sur toile, Musée national d'art contemporain - collection Costakis, Théssalonique.


Une courte note aujourd'hui pour vous parler de peinture. Non non, ce n'est pas encore devenu un gros mot sur ce blog que je consacre principalement à la photo ! Disons simplement que l'expo qui se tient en ce moment au musée Maillol vaut le détour.

Son grand intérêt est de présenter un panorama de l'art russe d'avant-garde des années 1910 à 1940 au travers d'une sélection d'oeuvres certes restreinte, mais de grande qualité. La collection constituée avec peu de moyens dans les années 50-60 par George Costakis, amateur autodidacte qui s'est forgé son propre regard sur l'art, comprend en effet l'essentiel des grands noms du suprématisme, du cubo-futurisme et du constructivisme tels Malevitch, Popova, Rodtchenko, El Lissitzky ou encore Tatline, mais pas seulement.



2. Gustave Kloutsis, Ville dynamique, 1919, huile sur toile, Musée national d'art contemporain - collection Costakis, Théssalonique.


3. Gustave Kloutsis, Carte postale des Spartakiades de Moscou – Le sportif doit être un tireur d’élite, 1928, photomontage, Musée national d'art contemporain - collection Costakis, Théssalonique.


On découvre au fil du parcours bon nombre d'artistes aux noms moins célèbres mais dont les oeuvres témoignent du fourmillement des recherches artistiques menées en Russie alors. J'ai particulièrement apprécié Gustave Kloutsis et son énigmatique Ville dynamique, ses photomontages au graphisme acéré pour la promotion des Spartakiades de Moscou, les recherches sur la lumière, le reflet et la matière de la Constructon linéaire d'Ivan Koudriachov (impossible de trouver une repro, désolée), ou encore les collages de Xénia Ender qui m'évoquent aussi bien Matisse que certaines compositions d'op'art de Bridget Riley.


5. Xénia Ender, Sans titre, vers 1924-1926, collage sur papier, Musée national d'art contemporain - collection Costakis, Théssalonique.


La dernière oeuvre du parcours, un Rythme expressif de Rodtchenko de 1943-1944 a quant à lui beaucoup à voir avec les all-over de Pollock. L'expression avant-garde prend là tout son sens.


6. Alexander Rodtchenko, Rythme expressif, 1943-1944, gouache sur papier.


Seul point noir au tableau, plusieurs toiles importantes de Popova et de Rodtchenko (6 oeuvres au total) ont quitté depuis le 26 janvier les cimaises du musée Maillol pour rejoindre celles de la Tate Modern. Elles ont été remplacées par de très discutables fac-similés, montés sur toile et accrochés en lieu et place des oeuvres originales. Je suis persuadée que le but n'est pas de leurrer le visiteur, mais personnellement j'aurais préféré que le statut de ces reproductions soit plus visible et mieux assumé.




Vers de nouveaux rivages - l'avant-garde russe dans la collection Costakis
exposition jusqu'au 2 mars

Fondation Dina Vierny - Musée Maillol
61 rue de Grenelle, Paris 7e

tous les jours de 11h à 18h sauf les mardis et jours feriés
Tarif plein : 8 euros
Tarif réduit : 6 euros

mercredi 11 février 2009

mardi 10 février 2009

Photo du jour



Roger Fenton, Vallée de l'ombre de la mort, Crimée, 1855, épreuve sur papier salé à partir d'un négatif sur verre, Getty, Los Angeles.

lundi 9 février 2009

Photo du jour



Jean-Charles Langlois, Frédéric Martens, Léon-Eugène Mehedin, Panorama de Sébastopol pris de la tour Malakoff, Crimée, 1855, épreuve sur papier salé albuminisé à partir d'un négatif papier retouché, Musée d'Orsay.

samedi 7 février 2009

Robert Frank – Un regard étranger

1. Robert Frank, Hollywood, Les Américains, 1958.


“1947. Je pars pour l'Amérique. Comment peut-on être suisse ?”


C'est en européen exilé, happé par le tumulte du New York de la Beat Generation que le zurichois Robert Frank aborde pour la première fois en 1947 le territoire américain. Le photographe se forge rapidement une vision très personnelle et hautement subjective du reportage, multipliant les voyages en Amérique du Sud et les aller-retours entre l'Europe et les Etats-Unis.


En 1955, grâce au soutien de Walker Evans, il est le premier étranger à obtenir une bourse du Guggenheim. C'est le début d'un roadtrip de 2 ans qui le mène sur les routes de New-York à San Francisco, des main streets aux suburbs, et dont résultent quelques 28 000 photos. Parmi cette montagne de clichés Frank sélectionne en tout et pour tout 83 images qui paraissent en 1958 chez Delpire sous le titre Les Américains. Livre phare qu'ont feuilleté avec dévotion des générations entières de photographes, oeuvre culte préfacée par Jack Kerouac, dont on dit qu'elle a su capter l'essence de l'Amérique des 50's, ce petit bouquin continue d'exercer une fascination qui ne se laisse que difficilement analyser.

De quoi nous parlent-ils d'ailleurs ces Américains ?


2. Robert Frank, Beaufort, South Carolina, Les Americains, 1958.


“I was looking at the landscape. I knew I was in America. “What am I doing here ?” I asked myself. There was no answer. The landscape didn't answer me. There was no answer."*

"Je regardais le paysage. Je savais que j'étais en Amérique. Je me suis demandé : “Qu'est-ce que je fais ici ?”. Il n'y avait pas de réponse. Le paysage ne m'a pas apporté de réponse. Il n'y avait pas de réponse.”


Qu'y a-t-il à voir dans les photographies de Robert Frank ? Quelle genre de traces du réel documentent-elles, quel discours nous tiennent-elles ? Ne sont-elles, selon les mots de Frank que “des objets étranges, à moitié ensevelis, venus d'un autre temps, des objets doués d'une curieuse résonance, porteurs d'informations, de messages souhaités ou non, réels ou non ?”


3. Robert Frank, Paris, 1949.


Les photos de Frank, ce sont de petits morceaux arrachés au temps et à l'espace. Ni plus, ni moins. Mal cadrées, floues, parfois shootées sans même regarder dans le viseur, elles n'ont pour ambition que de témoigner d'une chose : du regard que Frank porte sur la vie. “Elles flottent dans le courant de [sa] vie normale”. Plus encore, elles sont la vie même de Frank, inextricablement liées à leur géniteur. Elles ne montrent rien de particulier si on y songe, elles ne démontrent rien, elles ne constituent pas les preuves d'un quelconque argument. Et pourtant leur puissante poésie peu à peu, au fil des pages, distille sa propre histoire.

Tout est affaire de narration.


4. Robert Frank, Paris, 1949.


C'est en découvrant son travail de cinéaste (Pull My Daisy en 1959 notamment) et les clichés parisiens que Frank réalise entre 1949 et 1952, que je commence à saisir ce qui fait de Frank un photographe si particulier. Ces photos paraissent insignifiantes, c'est ce qu'on se dit si on jette un coup d'oeil rapide à quelques unes d'entre elles. Elles ne semblent pas composées, elles ne capturent aucune sorte d'instant décisif, elles sont comme prises au hasard. Leur clé ne se livre qu'en les observant les unes à la suite des autres, car Frank photographie comme il filme et ce n'est qu'en promenant son regard d'image en image que le film photographique se recrée. “J'aimerais faire un photo-film, établir un dialogue entre le mouvement de la caméra et le gel de l'image fixe, entre le présent et le passé, l'intérieur et l'extérieur” écrit Frank.


Car ce qu'il y a à voir se trouve juste là, hors du cadre, dans cet entre-deux d'où transpire le lyrisme profondément mélancolique de Robert Frank.


5. Robert Frank, Paris, 1950.




Robert Frank, un regard étranger

exposition du 20 janvier au 22 mars 2009

Jeu de Paume

1 place de la Concorde, Paris 8e

Mardi (nocturne) : 12h à 21h
Mercredi à vendredi : 12h à 19h
Samedi et dimanche : 10h à 19h
Fermeture le lundi

Tarif plein 6 €
Tarif réduit 4 €




* Robert Frank dans un entretien filmé avec le cinéaste Jonas Mekas

Les autres citations sont extraites de Robert Frank, Photo-Poche n°10.