dimanche 30 mars 2008

L'Atelier Man Ray - Unconcerned but not indifferent

Quand j'ai appris qu'une exposition consacrée à Man Ray s'ouvrait à Paris, j'ai bondi sur mon téléphone pour proposer à ma meilleure amie de m'accompagner. C'est une acolyte de choix, elle aime la photo tout autant que moi, et comme on ne bloque pas forcément sur les mêmes oeuvres, nos points de vue sont enrichis du regard et des impressions de l'autre. Elle avait entendu des critiques favorables sur l'expo, ok vendu.

Man Ray, c'est pas mon photographe préféré, mais c'est avec lui et les Surréalistes que je suis tombée dans le bain de l'histoire de l'art à l'adolescence, et donc mon parcours, je lui dois un peu. Background bien chargé en somme, et grosse attente vis-à-vis de l'expo.

Je savais que c'était loin d'être une grande rétrospective comme celle consacrée à Steichen il y a quelques mois au Jeu de Paume. Le propos ici, c'est de présenter un ensemble d'oeuvres très rarement montrées au public, qui couvrent toute la carrière de Man Ray et tous les aspects de sa création (peinture, scultpure, litho, dessin, etc. et photo bien sûr). Moi ce qui m'alléchait surtout, c'est qu'on nous faisait miroiter des oeuvres de jeunesse, des documents privés, des dessins préparatoires... bref, tout ce qui entoure le mystère de la création. Je repensais déjà à l'expo de Beaubourg, l'Atelier de Giacometti, où, par la présentation côte-à-côte des différentes études pour un même portrait, on avait le sentiment de pénétrer dans le cerveau de l'artiste et de partager ses doutes. D'ailleurs même principe : les oeuvres provenaient de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, quand ici elles sont issues du Man Ray Trust.

Et c'est bien là qu'est le problème. Le Man Ray Trust est une société fondée par la femme de l'artiste qui, en plus de gérer les droits d'auteur, possède un ensemble assez vaste d'oeuvres originales de Man Ray, paraît-il. J'espère vraiment que ce qu'on peut voir à la Pinacothèque n'est pas représentatif du fonds de collection du Trust, parce que ça ressemble plutôt aux fonds de tiroirs. Je m'explique.

Les commissaires d'expo ont bien tenté de faire passer la pilule en invoquant la pluralité des facettes de la création chez Man Ray, et en traçant un parcours d'expo chronologique, marqué par 4 grandes phases / lieux de vie de l'artiste (New York, Paris, Los Angeles, puis à nouveau Paris). Mais ces efforts ne masquent que très mal l'inconsistance et le manque de cohérence de la collection présentée au public parisien.

Une demi-heure suffit largement à faire le tour des deux salles. En 2 minutes vous avez déjà fini de voir les oeuvres de jeunesse et vous vous retrouvez dans la section que l'on pourrait supposer la plus importante : les années surréalistes à Paris. Alors oui, c'est sympa de voir les objets qu'utilisait Man Ray pour ses fameux rayogrames, mais on nous a promis du chef d'oeuvre, si je ne m'abuse. Où ça ? Eh bien sur la cimaise d'en face, on reconnaît une de ses photos les plus célèbres, Noire et Blanche, et son épreuve en négatif présentée en vis-à-vis. Penchez-vous sur le cartel, il s'agit de retirages à l'imprimante jet d'encre (merci de la précision). Malheureusement, cet exemple est à l'image du reste de l'expo : de pauvres oripeaux qui, bien loin de l'hommage à Man Ray, renvoient au contraire une image très déformée de sa production.





Le seul mérite de l'expo est de faire naître chez le visiteur une interrogation : est-ce que c'est vraiment ça Man Ray ? Et l'envie d'en savoir et d'en voir plus. C'est déjà ça !



P.S. Et pour terminer sur une note plus positive, je vous parlerai prochainement d'une série d'oeuvres présente à l'expo, qui a retenu mon attention : les illustrations pour Les Mains Libres de Paul Eluard.



L'Atelier Man Ray, Unconcerned but not indifferent
, du 5 mars au 1er juin 2008, Pinacotèque de Paris, 28 place de la Madeleine, 8e.
Plein tarif : 7 euros - tarif réduit : 5 euros


Illustrations :
Autoportrait, Man Ray, 1924, photographie.
Blanche et Noire, Man Ray, 1936, épreuves positives et négatives.

samedi 29 mars 2008

Et pourquoi pas ?

Pas facile de se justifier de la création d'un nouveau blog, quand il en existe tellement déjà. J'en ai caressé l'idée depuis un moment déjà, reculé l'éclosion à de maintes occasions. Pas le temps, pas le temps... mais l'envie est finalement la plus forte.

L'envie de partager mon point de vue sur l'actualité culturelle, des musées et des expos en particulier. Parce que c'est mon quotidien d'étudiante en histoire de l'art : arpenter les galeries et scruter les cimaises, et prendre un tas de notes dans des petits carnets qui s'entassent sur un coin de mon bureau. Il était temps de les rouvrir et de les feuilleter, mais pas seule dans mon coin cette fois.

Et parce que je suis (très) exigeante, un brin râleuse, et qu'il m'arrive souvent de fulminer quand je sors d'une expo bâclée, d'un musée qui se couvre de poussière à force d'immobilisme, je donnerai juste mon avis personnel. Qui est loin d'être sans appel et ne demande qu'à être discuté, enrichi, révisé. En tout cas pas de snobisme, d'élitisme et le moins possible de pédanterie et de jargonnage (si si, c'est possible), ce sont mes mots d'ordre.

Et puis de la photo, beaucoup de photo. Mon domaine de spécialité durant tout mon cursus universitaire et une véritable passion, toujours grandissante. J'espère réussir à mettre des mots sur ces images qui occupent une si grande place dans ma vie, et vous communiquer un peu de ce qu'elles m'inspirent.